Lettre aux jeunes très orientés carrière professionnelle
Il y a des années, pendant mes études en MBA, je suis tombé sur un texte écrit par un homme d’affaires américain anonyme qui donnait toute une série de conseils aux jeunes gens ambitieux ayant pour objectif de très bien réussir leur carrière professionnelle. Cela semblait assez pertinent auprés d’un public de MBA.
Chez iAgora on ne recommande pas nécessairement de donner une priorité maximale à la réussite professionnelle, nous croyons plutôt à la recherche d’une réussite personnelle, qui s’obtient à travers un subtil équilibre entre les différents aspects de notre vie et d’un travail stimulant. Cependant, nous sommes bien un site de stages global et nous sommes conscients qu’une partie de notre communauté poursuit de grands objectifs dans leur carrière professionnelle. Ceux-ci trouveront dans ces conseils un guide très clair et pragmatique pour planifier leur carrière professionnelle.
Il faut aussi noter - et ceci est évident depuis le titre - que cette lettre date probablement des années ’80 ou ‘90, et la personne parle d’une carrière qui s’est étalée entre les années ‘50 et les années ‘90. Bien des choses ont changé depuis. A cette époque on cherchait souvent à trouver un bon emploi dans une grosse entreprise et y rester toute la vie. La mobilité professionnelle était donc bien moins acceptée que de nos jours. Aussi, les multinationales ne sont pas nécessairement les entreprises les plus convoitées, il peut être tout aussi prestigieux de travailler dans une startup à forte croissance, dans une ONG ou dans une entreprise à mission. D’autre part, il nous semble que quelques conseils ne sont plus aussi adaptés aux exigences des entreprises actuelles, comme par exemple l’importance de s’impliquer dans la tâche, ou la capacité d’offrir des recommandations et des solutions. Il convient donc de lire cette lettre avec précaution. Enfin, les stages sont bien plus développés de nos jours, et ceci permet de faire des essais sans autant de conséquencd
Nous croyons, pourtant, que ces conseils peuvent être encore utiles pour certains étudiants qui cherchent à faire carrière en multinationale. Pour les autres ça peut aussi constituer un point de départ pour une réflexion personnelle et, pourquoi pas, pour des conversations intéressantes sur les priorités de la vie et comment les atteindre.
--- Ceci est une traduction de la version en anglais
LETTRE À UN JEUNE HOMME ORIENTÉ VERS SA CARRIÈRE
Je m’adresse uniquement à ceux d’entre vous dont le but central dans la vie est de réussir professionnellement et qui ont la détermination nécessaire pour poursuivre cet objectif. Ceux d’entre vous qui considèrent leur carrière comme un simple gagne-pain ou comme un moyen d’atteindre d’autres objectifs ne doivent pas poursuivre la lecture. Je ne m’adresse pas à eux.
Je me dirige à vous à partir de mon expérience et de mes propres observations empiriques. J’ai commencé par réussir en tant que cadre financier dans une entreprise de taille moyenne. Je suis ensuite devenu le plus jeune vice-président d’une grande multinationale, puis j’ai quitté cette entreprise pour créer mon propre conglomérat. Après quelques années de croissance extrêmement rapide et d’opérations réussies, j’ai vendu mes parts dans l’entreprise et pris ma retraite. J’ai réussi.
À mon avis, vous pouvez définir le succès professionnel de trois manières principales :
- En termes de gains économiques ; les gains économiques étant définis soit en termes de revenus, soit en termes de capital.
- En termes de pouvoir sur les autres.
- En termes de statut ou de prestige.
Puisque vous ne pouvez rarement atteindre tous ces aspects de manière égale, votre première tâche est de clarifier pour vous-même ce que le succès signifie pour vous, le type de succès que vous recherchez. Par exemple, travailler pour une très grande entreprise peut éventuellement conduire à des gains économiques et à un statut, mais il est peu probable que cela vous mène au capital ou au pouvoir.
Ensuite, vous devrez choisir un emploi ou une activité pour atteindre votre objectif.
Il existe deux principales alternatives :
a) Se concentrer sur une seule entreprise, y rester et essayer d’atteindre le sommet. C’est assez risqué. Si vous rencontrez un obstacle majeur, vous aurez peut-être investi beaucoup de temps et d’énergie pour rien.
b) Stratégie de mobilité. Changez aussi souvent que nécessaire et toujours vers des emplois meilleurs, c’est-à-dire des emplois qui offrent de meilleures opportunités. Mon conseil est que vous devriez choisir cette deuxième voie. Surtout au début de votre carrière, cette stratégie vous aidera à progresser plus rapidement. Elle vous offre également une flexibilité beaucoup plus grande.
Permettez-moi de vous donner quelques conseils pratiques sur le choix de votre emploi :
Considérez un emploi en termes de flexibilité et d’ouverture. L’emploi devrait vous aider à maintenir vos options ouvertes. Essayez d’éviter la spécialisation étroite. Cependant, il est utile de devenir expert dans un nouveau domaine que personne d’autre ne connaît très bien (par exemple, dans les années 1960 : l’électronique, dans les années 1970 : faire des affaires avec les Arabes).
Considérez l’emploi que vous choisirez comme une pierre de touche. Demandez-vous où je peux aller à partir de cet emploi. Demandez-vous à quoi ressemblera cet emploi dans mon curriculum vitae dans dix ans.
Ne vous inquiétez pas trop du contenu ou de la satisfaction au travail en choisissant votre premier emploi. (C’est relatif. Si vous détestez vraiment votre travail, il est peu probable que vous le fassiez bien). Rappelez-vous que ce n’est qu’une étape. Ce qui est important, c’est qu’il vous aide à apprendre et améliore vos chances d’avancement rapide.
Essayez de vous associer tôt dans votre carrière à une grande entreprise prestigieuse et réussie. Une partie de leur image déteindra sur vous. Cela augmentera vos options ultérieures.
Essayez d’obtenir un emploi au siège plutôt qu’au niveau de la division. Le siège est l’endroit où se trouvent l’action et le pouvoir de promotion.
Au début, choisissez un emploi de personnel plutôt qu’un emploi de ligne. Les emplois de personnel vous donneront plus de perspective et de mobilité et impliqueront moins de risques d’échec. Au début de votre carrière, essayez d’éviter les postes où vous devez prendre des décisions. Ils sont trop risqués !
Si possible, essayez d’obtenir un emploi qui n’a jamais existé auparavant et que vous pouvez façonner. Un emploi idéal pour vous : Assistant du Président.
Ne choisissez pas un emploi en fonction du salaire. Le salaire de départ est sans importance. Dans n’importe quel emploi que vous faites extrêmement bien, vous serez payé extrêmement bien en temps voulu. Une fois qu’ils savent à quel point vous êtes bon, ils ne peuvent pas se permettre de vous laisser partir.
Un dernier conseil avant de parler de votre comportement dans votre prochain emploi. Cela concerne la recherche d’emploi. N’éliminez pas trop de chances avant le fait. Votre principal objectif devrait être d’obtenir autant d’offres d’emploi que possible. Devenez un professionnel pour obtenir des offres. Faites-en un défi pour vous de convaincre les gens de vous offrir un emploi. Plus vous obtiendrez d’offres, plus vous aurez d’opportunités. Et vous pouvez utiliser vos offres pour négocier de meilleures offres. Si les gens vous pressent de dire oui ou non, acceptez l’offre et continuez à chercher d’autres offres. Vous pouvez toujours changer d’avis plus tard. (Ne vous inquiétez pas, personne ne vous poursuivra pour ne pas vous présenter au travail. Rappelez-vous que vous ne pouvez pas décider si vous voulez un emploi ou non tant que quelqu’un ne vous l’a pas offert.
Que dire de votre comportement dans votre nouveau travail ? La première chose que vous devriez faire est de sentir l’air et d’apprendre à vous rapporter à vos supérieurs et à l’environnement.
Rappelez-vous que personne n’attend un Messie. Vos supérieurs ne veulent pas que vous veniez résoudre tous les problèmes existants. Votre première tâche est d’apprendre les besoins de vos supérieurs.
Apprenez à satisfaire les besoins de vos supérieurs. Ne vous inquiétez pas d’obtenir du crédit pour vos propres efforts et travaux. Concentrez-vous sur
le fait de faire paraître votre patron bien.
N’évitez pas de vous impliquer dans des choses non importantes. N’ayez pas peur de vous salir les mains. Laissez les gens vous faire confiance pour faire de petites choses pour eux et ils vous feront confiance pour des choses plus importantes.
Dans votre travail, apprenez à utiliser des faits et non des opinions. Et n’oubliez pas d’essayer d’éviter la prise de décision au début. Au lieu de cela, donnez aux gens les faits pour qu’ils puissent prendre de meilleures décisions.
Travailler seize heures quand les autres travaillent huit vous fera progresser dans l’organisation deux fois plus vite. Soyez toujours disponible, même pour des choses non importantes.
Montrez une loyauté personnelle et institutionnelle. Surtout, montrez de la loyauté envers votre patron. Ne participez pas aux commérages personnels ou institutionnels. La loyauté est la qualité la plus appréciée dans une entreprise.
Rappelez-vous que vous n’avez pas à ressentir toutes ces choses. Faites-les simplement !
Soyez aussi informé que possible sur votre entreprise, sur les autres entreprises de votre industrie, sur la situation économique nationale et internationale, etc… Soyez parfaitement familiarisé avec ce qui se passe dans le monde des affaires.
Faites autant de contacts que possible. Assistez à des conventions, à des réunions, etc… Connaissez des gens et faites-vous connaître des gens. Soyez jaloux de votre temps et investissez-le dans votre carrière.
La chance est un facteur très important. Soyez attentif et sensible aux événements aléatoires et apprenez à en tirer parti.
N’ayez pas peur de prendre des responsabilités et des risques. (Cela ne signifie pas nécessairement prendre des décisions). Et n’ayez pas peur d’en prendre plus que ce que vous pensez pouvoir gérer. Considérez cela comme un jeu et essayez de maximiser les situations productives.
Si le travail est médiocre, quittez-le. Si vous avez pris la mauvaise décision, reconnaissez-la et passez à autre chose. Mieux vaut être sans emploi pendant huit mois que dans un mauvais emploi pendant le même temps.
Surtout, si vous avez commis une erreur, ne vous laissez pas aller à la dépression. Considérez la situation comme une nouvelle opportunité.
Rappelez-vous toujours que vous avez commencé à zéro et que vous ne pouvez pas descendre plus bas que cela. Cela vous rendra prêt à prendre des risques.
Parfois, vous vous sentirez plutôt confus. Vous pourriez avoir l’impression de ne pas savoir très bien ce que vous voulez, que vos objectifs ne sont pas clairs ; mais rappelez-vous que si vous jouez selon les règles du jeu et faites un effort supplémentaire, vous pouvez quand même avancer.
Enfin, ne vous inquiétez pas trop de votre description de travail initiale. Vous pouvez transformer n’importe quelle tâche, même celle pour laquelle vous avez peu d’affinité, et la rendre utile comme instrument pour promouvoir votre plan de carrière.
Je pense que c’est suffisant pour le moment. Je suis sûr que vous trouverez votre propre voie et que vous ajusterez mes conseils à vos besoins. On peut vous dire que c’est un plan cynique et égoïste. Dites-leur que chacun choisit sa propre marque d’égoïsme et qu’ils ont sans doute la leur. Et soyez sûr que si le succès professionnel est vraiment votre objectif, vous l’atteindrez.
Bonne chance à vous !